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Attractivité des métiers du secteur médico-social : des résultats inédits d’un sondage OpinionWay

Un sondage réalisé par OpinionWay pour l’Unapei en février 2024 apporte une vision assez contrastée des Français vis-à-vis des métiers du secteur médico-social. Malgré la nécessité de pourvoir 50.000 postes d’ici 2025, moins de la moitié des sondés expriment un intérêt pour ces professions. Seuls 36% se disent intéressés par le métier d’éducateur spécialisé et 31% par celui de psychomotricien. Ce n’est pas beaucoup.

Il est intéressant de regarder de près ce sondage car il a été composé d’un échantillon de 1001 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.  Il a été constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence. L’échantillon a été interrogé par questionnaire auto-administré en ligne du 14 au 15 février dernier. Il est donc récent et concerne l’ensemble de la population.

Des métiers qui ont du sens mais jugés trop mal payés

Il y a des raisons qui pourraient attirer les Français vers les métiers de l’aide et du soin. Les aspects positifs cités incluent le sens qu’ils apportent (45%) et le contact humain (42%). Viennent ensuite l’accompagnement des personnes en situation de handicap pour améliorer leur autonomie (34%) ou aider leurs familles (38%).

Cependant, le salaire jugé insuffisant (40%) et les conditions de travail difficiles (40%) sont les principaux obstacles à l’entrée dans nos métiers. L’Unapei rappelle à cette occasion l’importance de revaloriser ces professions pour assurer un accompagnement de qualité aux personnes en situation de handicap. Les familles sont souvent contraintes de compenser le manque d’accompagnement, ce qui affecte leur vie professionnelle et leur bien-être.

En clair ces métiers sont appréciés pour leur impact positif sur la société plutôt que pour leurs atouts en termes de qualité de vie au travail. Les conditions de travail difficiles, les horaires contraignants, la nature physique du travail, le manque de reconnaissance et de moyens sont des freins significatifs. Pas de surprise à ce sujet.

Les femmes en première ligne

Le sondage montre aussi que les métiers du secteur médico-social varient en attractivité selon l’âge, le genre ou la catégorie socio-professionnelle des sondés. Les femmes et les moins de 35 ans y montrent un intérêt plus marqué. Elles sont notamment plus intéressées par les métiers d’aide médico-psychologique (40% vs 29% des hommes) et d’éducateur spécialisé (39% vs 31%). Les moins de 35 ans se projettent davantage dans les métiers d’accompagnement et d’aide en santé mentale.

Des témoignages de professionnels du secteur confirment ces perceptions. Les constats sont clairs : les travailleurs médico-sociaux se sentent invisibles et non reconnus, malgré leur mobilisation pendant des crises comme la pandémie de COVID-19. Ils soulignent le besoin de valorisation sociale et financière de leur travail, ainsi que l’importance de l’engagement et de l’innovation dans leur pratique.

Quels sont les métiers du secteur médico-social les plus attractifs ?

Les réponses varient selon l’âge, le genre, et la catégorie socio-professionnelle des sondés. Les métiers impliquant une manipulation, des soins physiques à prodiguer aux patients, comme le métier de médecin, de masseur-kinésithérapeute, et d’infirmier suscitent le plus d’intérêt. Les métiers d’accompagnement tels qu’éducateurs spécialisés, moniteurs éducateurs, psychologues, et aides médico-psychologiques sont également appréciés, même si chacun ne plaît qu’à un Français sur trois

Mais il n’y a pas que ces métiers. Ceux relatifs au management, comme les cadres de santé et chefs d’établissement ou de service, sont également intéressants pour certains. Enfin, le poste de surveillant de nuit est en bas de tableau. Il est jugé intéressant que pour un Français sur quatre.

Des propositions simples pour améliorer la situation

Le Livre Blanc du travail social apporte une série de réponses essentielles qui demande des moyens.  Plusieurs actions peuvent être entreprises selon les résultats du sondage OpinionWay pour l’Unapei. Cinq points relèvent de ces priorités :

  1. Revaloriser les métiers : Il est essentiel de rappeler la valeur de ces professions en mettant en avant leur importance et leur impact positif sur la société. Cela implique une reconnaissance sociale et financière adéquate pour les professionnels du secteur. La valeur d’un métier se mesure par le niveau de salaire qu’il permet de percevoir.
  2. Agir sur les conditions de travail : Il est tout autant important de les améliorer en offrant des environnements de travail plus favorables, en réduisant la charge de travail excessive, et en garantissant des horaires plus flexibles pour les professionnels. Les organisation de travail au quotidien doivent être revus.
  3. Renforcer la formation mais aussi l’accompagnement des professionnels : Il est nécessaire de leur assurer une formation continue de qualité afin de maintenir leurs compétences à jour et de favoriser leur épanouissement professionnel.
  4. Engager des moyens humains et financiers : Il est primordial de garantir des moyens suffisants pour assurer un accompagnement de qualité aux personnes en situation de handicap. Cela permettra également de réduire la charge de travail et d’améliorer les conditions d’exercice de ces métiers dits en tension.
  5. Reconnaitre le travail : Il est important de reconnaître publiquement le travail des professionnels du secteur médico-social et de valoriser socialement ces métiers pour renforcer leur attractivité.

 

En agissant sur ces différents aspects, il serait possible d’attirer davantage de professionnels qualifiés dans le secteur médico-social. Cela contribuerait à garantir des conditions de vie et d’accompagnement dignes pour les personnes en situation de handicap, tout en répondant aux besoins croissants du secteur. Encore faut-il qu’il y ait une volonté politique qui apporte des moyens aux structures employeurs.

C’est pourquoi l’Unapei appelle à des réformes profondes et à des moyens supplémentaires. Il s’agit de pouvoir  attirer et retenir les professionnels dans le secteur, afin de préserver des conditions de vie et d’accompagnement dignes pour les personnes en situation de handicap.

Comme le précise Luc Gateau président de l’UNAPEI,  » La pénurie de professionnels, c’est un grand mot pour dire une réalité simple : quand les professionnels manquent, ce sont des personnes qui ne peuvent plus être accueillies, et ce sont les familles qui en subissent les conséquences. Cela fait 3 ans maintenant que nous dénonçons l’abandon des familles, qu’elles soient sans solution de scolarisation pour leur enfant, contraintes d’arrêter de travailler, forcées de se battre au quotidien pour trouver un logement ou un accompagnement adapté, obligées de payer des professionnels pour prendre soin de la santé de leur proche et espérer pouvoir leur offrir un avenir… c’est extrêmement difficile à vivre. »

« Accompagner une personne en situation de handicap dans tous les actes de sa vie quotidienne, c’est complexe, et c’est surtout 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Il faut agir pour que des professionnels puissent prendre le relais, dans de bonnes conditions de travail, et que leur engagement en faveur d’une société plus juste soit enfin reconnu » conclut Luc Gateau, lui-même père d’un enfant en situation de handicap. On ne peut que souscrire à ses propos.

 


Sources :

 

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Photo : Freepik

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