J’ai eu le plaisir d’interviewer une collègue expérimentée sur son travail au quotidien à l’occasion de la mise à jour du livre de Christine Garcette et Brigitte Bouquet intitulé « assistante sociale aujourd’hui » . Une nouvelle édition doit paraître prochainement. Cet entretien entre dans un chapitre qui traite de l’exercice de la profession dans un service social dit de polyvalence. Ecoutons ou plutôt lisons ce qu’elle a à nous dire…
J’exerce la profession d’assistante sociale depuis près de 30 ans. J’ai travaillé dans trois départements différents, dans les services spécialisés mais principalement en polyvalence de secteur. La polyvalence est un choix qui demande à être en capacité de s’adapter en permanence à des personnes qui formulent des demandes extrêmement différentes. Les sujets abordés sont très divers : tous les âges de la vie, toutes les problématiques sociales même les plus improbables. Il me paraît essentiel d’être à l’écoute de chacun, dans une absence de jugement sur ce qui est dit et les actes qui sont posés. Je me perçois comme une « généraliste », dont la mission première est l’écoute bienveillante et la recherche de solutions adaptée à chaque situation. C’est un travail qui conduit à se remettre en cause en cherchant toujours avec la personne des solutions qui lui apporteront une plus grande liberté et de l’autonomie. C’est pourquoi il me paraît nécessaire de me former régulièrement si je veux rester en capacité d’aborder les multiples questions et problématiques posées par les usagers.
On n’est jamais seul dans ce travail, pour ma part, je m’appuie sur les ressources du territoire, celles des personnes et de leur milieu de vie, mais aussi celles apportées par le service et les collègues du centre médico social où j’interviens. Le travail en équipe est essentiel et nous nous soutenons mutuellement. J’apprécie beaucoup aussi l’accueil de stagiaires, car leur propre regard et questionnement m’invitent à me remettre en cause et à réfléchir sur mon positionnement. Enfin en polyvalence, il m’est possible d’articuler interventions individuelles, collectives et partenariales. Il y a beaucoup à écrire sur ce sujet.
J’entends parfois des collègues se plaindre de l’importance des procédures administratives. C’est vrai qu’elles sont là, mais on peut aussi s’en dégager pour aller à l’essentiel avec les gens. Je ne me sens pas du tout piégée par les dispositifs. Ce ne sont que des outils à disposition et je n’y fait appel qu’en dernier lieu, une fois que j’ai exploré avec la personne toutes les solutions possibles relevant entre autre de sa capacité à agir. Se limiter à la gestion des droits n’est pas suffisant. Je suis contre l’idée que le service social soit un guichet qui accueille et oriente sans connaître véritablement l’objet de la demande et son origine. On ne peut aborder une question uniquement en remplissant des imprimés.
Certains aspects de la polyvalence peuvent être désagréables. Ainsi je constate que le contenu de notre travail est souvent défini par des tiers qui se dégagent des leurs responsabilités. Dès qu’une personne rencontre la moindre difficulté dans une administration, il lui est rétorqué « allez donc voir l’assistante sociale » alors que souvent cette démarche ne se justifie pas. Il est aussi agaçant de passer son temps à tenter de joindre des bailleurs sociaux ou des fournisseurs d’énergie qui nous édictent leurs propres règles et estiment que nous devons faire telle ou telle chose avec les usagers. La polyvalence est trop souvent le réceptacle de tout ce qui ne se gère pas ailleurs. Nos tâches sont définies par défaut et nous devons nous adapter en permanence aux demandes des partenaires sans que rien n’ait été négocié. C’est difficilement acceptable.
Pourtant si je devais en un seul mot, caractériser le travail en polyvalence de secteur, c’est pour moi le mot : « richesse ». C’est paradoxal quand on rencontre chaque jour des personnes qui ont souvent de gros soucis financiers. Les personnes sont riches de leurs expériences de vie ; elles ont souvent surmonté ou font face encore à des épreuves très difficiles. Leurs expériences et témoignages sont riches d’enseignement. Il nous donnent à voir combien l’humain est tout à la fois complexe et relié aux autres et à son environnement. C’est aussi pourquoi ce travail est si intéressant. En fait j’apporte aux personnes des éléments de compréhension de leur propres problématiques et recherche avec elles des solutions. De leur coté, elles m’apportent aussi beaucoup. D’abord par la confiance qui se construit au fil des entretiens, mais aussi par la richesse de leurs contenus. Il n’est possible d’aborder une personne que si l’on accepte de prendre en compte la globalité de sa situation. Au final, je ne peux que constater la richesse et les compétences qu’elles développent face aux difficultés à surmonter..
En conclusion je souhaite que la polyvalence demeure ce lieu de bien-traitrance que je connais. Un espace de respiration pour les personnes qui font face aux aléas de la vie. Un lieu permettant de se dégager de la logique d’urgence afin de pouvoir réfléchir sereinement et engager le processus de maturation d’une prise de décision portée par du sens. Dans un monde où tout se gère dans l’instant, le service social de polyvalence occupe pour moi une place singulière capable de donner une place à l’humain sur les questions essentielles quelle que soit sa situation , son origine et ses expériences de vie.
Christine D. Assistante sociale de secteur en Loire Atlantique
3 Responses
Bonjour Christine,
Je vous remercie pour cet écrit, qui est très intéressant.
Jessica – Etudiante en première année de formation d’ASS
Désolé mais je ne réponds pas a ce type de question : vous pouvez prendre rdv avec une assistante sociale sur votre commune (CCAS ou département) ou mieux contacter un centre de formation, vous avez aussi des informations sur le site de l’ANAS (anas.fr). Cordialement D. Dubasque
Bonjour est-ce que je peus avoir votre e-mail je souhaite vous poser des questions sur le metierd assistante de service social. Merci bcp