Les 11èmes assises de la protection de l’enfance se tiendront à Nantes les 28 et 29 juin à la cité des congrès. A cette occasion l’ODAS et le journal des acteurs sociaux organisent une grande enquête en ligne à laquelle vous pouvez répondre. Elle porte sur la perception que vous pouvez avoir de la place des acteurs éducatifs et des familles autour des besoins de l’enfant. Elle vise à recueillir votre perception sur la place faite aux parents, mais aussi à l’entourage de l’enfant (famille élargie, voisins..). Elle vous demandera aussi par exemple si vous avez « le sentiment qu’il existe encore trop de situation où le délaissement est bien identifié sans pour autant donner lieu à une évolution du statut de l’enfant ? ». La plupart des questions n’ont pas une visée « scientifique » mais vise plutôt à mesurer l’état d’une opinion générale ce qui peut être aussi intéressant.
Quels besoins pour l’enfant ?
Ces journées rappelleront que la notion de besoins de l’enfant définie par la loi du 14 mars 2016 est au cœur de l’approche actuelle de la politique de protection de l’enfance. le programme précise que « cela appelle un changement de paradigme pour transformer les regards sur la parentalité et l’environnement de l’enfant. Avec pour conséquence de réformer les pratiques en matière d’évaluation des besoins de l’enfant (en prévention comme en
protection), en matière de travail avec l’enfant lui-même, les parents et/ou les autres acteurs éducatifs autour de l’enfant, et en ce qui concerne les modes de coopération entre institutions ».
L’évaluation reste au cœur des préoccupations actuelles. La place des intervenants autour des enfants aussi, ce qui n’est pas sans poser la question du travail à engager avec les parents lorsque cela est possible. Il ne faudrait pas qu’à cette occasion nous retombions dans les travers idéologiques qui opposent les tenants d’une politique dite « familialiste » à tout prix et ceux qui tout au contraire estiment qu’il faut coûte que coûte séparer l’enfant de sa famille considérée comme « pathogène ». Tous cela nous a déjà valu des débats parfois stériles entre acteurs qui s’écoutent peu.
Qu’est-ce qui fait famille aujourd’hui ?
Cette question va introduire les débats de ces 2 jours : Serge Hefez,psychiatre bien connu, auteur de nombreux ouvrages ca dialoguer sur ce sujet avec Irène Théry, sociologue spécialisée dans le droit de la famille et de la vie privée. Ancienne directrice d’études à l’EHESS, elle est actuellement membre du Haut conseil de la Famille, de l’enfance et de l’âge. La première séquence abordera la question de l’évaluation des besoins de l’enfant alors que la seconde interrogera l’idée de « travailler autrement » avec son entourage.
Les ateliers sont programmés le lendemain matin. Ils traitent de ce que représente le “faire famille” autour des besoins de l’enfant, avec des débats sur les nouvelles approches en pratiques pratique professionnelle. Un atelier un peu particulier mais dans l’air de notre époque traitera du numérique et des réseaux sociaux. J’y retrouverais mon ami Vincent Meyer, sociologue, professeur de sciences de l’information et de la communication à l’Université Nice Sophia Antipolis. J’ai été invité à cet atelier pour en être « grand témoin » ce qui pourrait me permettre de faire état des travaux sur le numérique conduit par le Haut Conseil du Travail Social. Cela me permettra aussi de recueillir des témoignages sur les pratiques numériques des professionnels lors de leurs usages des réseaux sociaux dans l’accompagnement des jeunes car nous travaillons actuellement dans le groupe sur l’accompagnement social et éducatif.
Je vais avoir aussi l’occasion de dire un grand bonjour à Régis Sécher qui préside un atelier qui traite du soutien à la parentalité. Régis est docteur en Sciences de l’Education, formateur et conférencier . Il a été éducateur à une époque où nous tentions ensemble de créer une radio libre pour les jeunes d’un quartier réputé comme difficile à Saint Nazaire. Le projet n’avait pas abouti car « donner la parole » aux jeunes à l’époque sans la contrôler n’était pas vraiment bien vu. C’est du passé Depuis Régis a travaillé en prévention spécialisé, puis dans la formation continue à l’ARIFTS. Son ouvrage intitulé « reconnaissance sociale et dignité des enfants placés » particulièrement intéressant mérite vraiment que vous vous y arrêtiez. ATD Quart Monde en a fait une critique que vous pouvez trouver ici.
Le programme de ces journée est conséquent. Les institutions n’ont pas été oubliées. L’après midi du vendredi leur a été consacré. Il sera abordé les coordinations qu’elles engagent au quotidien avec la présentation d’expériences telle celle présentée par Fabienne Padovani, vice-présidente du Département de Loire-Atlantique et Martine Lechat-Gentil,présidente des Pep Atlantique-Anjou. Elles aborderont la question des mineurs non accompagnés. Sujet difficile au regard de la situation des jeunes non reconnus comme mineurs qui sont en galère. Si la prise en charge se veut exemplaire pour les mineurs reconnus non accompagnés, il reste toutefois un sujet qui dérange et interroge nos politiques publiques : celui de tous ces jeunes majeurs déboutés du droit d’asile. Cela ne sera peut-être pas abordé mais cela reste un vrai sujet.
On attend pour clôturer les journées peut être un ou plusieurs des 3 ministres qui ont été invités à cette occasion (Nicole Belloubet, pour la Justice, Jean-Michel Blanquer, pour l’Education Nationale et enfin Agnès Buzyn, la ministre des Solidarités et de la Santé).
Ces deux jours sont co-organisés avec le Conseil Départemental de Loire Atlantique où j’ai travaillé pendant de nombreuses années.
Enfin je profite de ce billet pour mettre ici un ensemble de liens et d’articles récents traitant de la protection de l’enfance que j’ai publiés sur ce blog :
- Près de 300.000 mineurs protégés (+1,4%) en France mais la protection de l’enfance manque de moyens.
- Et si l’on parlait de la souffrance des éducateurs et éducatrices de la protection de l’enfance ?
- Protection de l’enfance : en guise de réponse à l’article de la Croix intitulé « Maltraitance, pourquoi le repérage reste défaillant »…
- Le défenseur des droits demande des moyens pour la protection de l’enfance. Résumé en 16 points de la 1ère partie de son rapport 2017
- En Angleterre les mesures d’austérité frappent de plein fouet les services sociaux et la protection de l’enfance
des liens également issus des revues de presse de ce blog (du plus ancien au plus récent depuis septembre 2017) :
- Le rapport sur la protection de l’enfance du Défenseur des Droits
- Agnès Buzyn lève le voile sur la future stratégie nationale pour la protection de l’enfance 2018-2022
- Dysfonctionnement au service d’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) en Guyane
- l’édition 2017 de la Lettre de l’Odas consacrée aux dépenses départementales d’action sociale
- Trop d’enfants en difficulté sans prise en charge, le Collectif Enfance 31 tire la sonnette d’alarme
- 5 syndicats viennent d’écrire à Agnès Buzyn pour l’alerter sur « la protection de l’enfance en France »
- Fillette maltraitée à Bourges, la protection de l’enfance mise en cause
- La double peine des enfants placés : à 18 ans, « ils doivent voler de leurs propres ailes »
- Sortir de l’enfance pour devenir SDF : le scénario noir devient réalité
- Une journée avec Peggy, au service social de protection de l’enfance
- Protection de l’enfance : L’ODAS auditionnée par la cour des comptes.
- Protection de l’enfance : le bilan d’activité du CNPE.
- Val-d’Oise: Un réseau de prostitution dans des foyers d’aide sociale à l’enfance
- J.P. Rosenczveig : « Rendre justice aux enfants »
organisée avec le Département de Loire Atlantique qui accueillera les participants,