Après l’incendie d’un immeuble de Vaulx-en-Velin (Rhône), faisant 10 morts dont 5 enfants, les habitants de la ville crient leur colère face au sentiment d’abandon.
Le choc et la colère sont nourris par l’incompréhension face à cet incendie, probablement partie d’une cage d’immeuble squattée. Les journalistes de France Info se demandent si la vétusté de l’immeuble et la présence de trafiquants de drogue sont en cause. L’enquête en cours le dira. Lors de sa venue, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a été interpellé par des victimes et des proches. “Ce n’est pas que c’était prévu, mais c’était prévisible. Vous savez pourquoi ? Ce bâtiment, on l’a délaissé, il y avait des squatteurs, c’était une tragédie », lui dit un homme. Voici le reportage vidéo signé E.Prigent, C.Rigeade, T.Germain, A.Remond de France Télévision :
Richard Schittly correspondant à Lyon du journal Le Monde confirme : « Plusieurs témoignages décrivent un immeuble vétuste, sale, sans porte d’entrée, « avec des fils qui pendaient ». Même si des appartements étaient rénovés à l’intérieur, « les parties communes étaient indignes », confie un locataire qui paie 800 euros de loyer pour un F3, et qui précise : « Depuis plusieurs années les propriétaires ne faisaient plus rien. Pas de ventilation, de la moisissure sur les murs. » « Il s’agit d’une copropriété dans laquelle des travaux d’urgence avaient été réalisés », a déclaré Olivier Klein, ministre de la ville et du logement, qui s’est rendu sur place ».
Le journaliste donne la parole à Vinerta, 64 ans, habite au numéro 13, dans le même type d’immeuble, depuis quarante ans. Elle résume de multiples témoignages. « Depuis six ans je vis dans une déchetterie, avec des rats qui courent. Les lieux sont envahis par les squatteurs, des dealers. Nous sommes propriétaires de plus rien. Déménager ? Où ? Comment ? », demande-t-elle. « Si c’était dans le 6e arrondissement de Lyon, les dealers auraient vite dégagé », (lire l’article du Monde)
Ce fait divers dramatique révèle l’abandon des quartiers populaires laissés sans entretien, même s’il était annoncé la rénovation de ce quartier. Une rénovation qui arrive trop tard. TF1 rappelle dans un article de l’AFP que ce n’est pas la première fois que ce type de drame survient :
- Cinq personnes, dont un enfant, toutes originaires des Comores, sont décédées dans la nuit du 7 au 8 juillet dans l’incendie d’un immeuble du centre de Bressuire, dans les Deux-Sèvre.
- Huit personnes, dont un bébé et un enfant de deux ans de la même famille, qui ont péri dans l’incendie de trois immeubles à Saint-Laurent-de-la-Salanque, dans les Pyrénées-Orientale dans la nuit du 13 au 14 février dernier.
- Un incendie d’une ampleur inégalée avait touché une centaine d’appartements d’un immeuble HLM, avec un bilan de cinq morts et une vingtaine de blessés à Saint-Denis de La Réunion. C’était le dans la nuit du 12 au 13 décembre 2021
- Dix personnes avaient péri et 96 avaient été blessées dans un violent incendie qui avait ravagé un immeuble à Paris, dans le XVIe arrondissement. C’était en février 2019. Il était d’origine criminelle.
Ce type de sinistre touche principalement les bâtiments anciens, peu ou pas entretenus et souvent sans issues de secours. Il faut aussi l’extraordinaire élan de solidarité qui s’est développé spontanément à l’issue de ce drame. Trente-huit familles, soit une centaine de personnes, sont en « besoin urgent de relogement ».
le reportage du Huffigton Post avec l’AFP
Depuis l’incendie, les dons n’arrêtent pas : des vêtements, des couvertures, ou encore de la nourriture. Tout le monde y va de son cabas, parfois transporté dans un vieux chariot de supermarché. C’est simple, il y en a même « trop » : « Si on peut stopper les dons, c’est très bien ! » Ici, la solidarité, c’est inné, les habitants tiennent à le rappeler. (lire l’article de l’AFP pour RFI)
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Aide à domicile : le pari du bien-être au travail face à la crise des vocations
Et si l’ADT 44 avait trouvé la solution à ce que l’on nomme la crise des vocations ? L’association Aide à domicile pour tous (ADT) 44, a choisi de placer ses 600 salariés au cœur de son organisation. Geoffroy Verdier a voulu s’inspirer du concept d’ « entreprise libérée » et du modèle scandinave « Buurtzorg » (organisation autonome des infirmières). La journaliste de la Croix, Florence Pagneux est allé à la rencontre du personnel et de la direction de l’association nantaise pour en savoir un peu plus.
Le projet de l’association « Libérons nos énergies », a été lancé en 2018, et a été accompagné par l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact), s’appuie sur trois leviers :
- laisser les salariés – des femmes en grande majorité – construire elles-mêmes leurs plannings via un smartphone professionnel ;
- développer des temps pleins en diversifiant leurs missions (participation au recrutement, tutorat des jeunes recrues, développement de projets d’habitat inclusif…)
- intégrer le personnel aux prises de décision en cooptant des référentes appelées ADTeam.
L’association a également choisi de fournir des voitures de services à celles qui effectuent le plus de trajets (flotte de 183 véhicules hybrides). Résultat : un turn-over inférieur à 5 % et des salariés fidélisés. Il ne reste plus que la limite du salaire qui reste à augmenter dans le cadre d’une cnvention collective mieux adaptée. (lire l’article de la Croix – abonnés)
Réforme du RSA : l’expérimentation va concerner 40000 bénéficiaires en 2023
De la Somme à La Réunion, le Gouvernement a retenu 19 départements pour expérimenter le nouveau dispositif d’insertion des allocataires du RSA. Le journal en ligne Weka rappelle qu’il s’agit là d’une promesse du candidat Emmanuel Macron dans « une logique de droits et devoirs », selon Thibaut Guilluy, haut-commissaire à l’emploi et l’engagement des entreprises.
Les départements qui ont la compétence du RSA ont identifié un territoire : ce sera Saint-Nazaire pour la Loire-Atlantique, Saint-Quentin-en-Yvelines pour les Yvelines… Pour la Creuse, c’est le département entier. Au total, cela doit concerner environ 40.000 personnes sur 2 millions de foyers bénéficiaires. Au sujet de Saint Nazaire, je ne peux à cette occasion que souhaiter bien du courage à l’Unité Emploi du Département qui y officie. En espérant que des moyens conséquents soient apportés pour l’accompagnement, car c’est bien là un des points faibles avec la mobilisation de potentiels employeurs.
Weka apporte des précisions sur cette pratique volontariste qui n’est pas sans intérêt si elle respecte les avis des personnes concernées. Celles-ci auront à signer un contrat avec des droits et devoirs sur le modèle du Contrat d’engagement jeune. L’allocataire sera mobilisé avec 15 à 20 heures d’activité hebdomadaire. L’idée est que chaque jour le bénéficiaire ait un programme pour aller de l’avant et se rapprocher de l’emploi. Pour une personne en grande difficulté, il est prévu de commencer par des ateliers logement et santé. Après, il y aura des immersions en entreprise et des actions de formation. Espérons qu’il n’y ait pas de logiques de sanctions en cas d’échec ou de renoncement (lire l’article de Weka)
Bonus : au sujet de la prime Ségur
- En Mayenne, la session du conseil départemental interrompue par des travailleurs sociaux | Ouest France : « À l’occasion de la session du conseil départemental, 130 agents du Département ont manifesté, jeudi 15 décembre au matin, devant l’Hôtel du Département, à Laval. Ils sont finalement entrés dans le bâtiment. Le président du conseil départemental a suspendu la séance. Les manifestants contestent les modalités d’attribution du Complément de traitement indiciaire (CTI) de 183 € net par mois (la prime Ségur). « Sauf que le Département de la Mayenne l’a attribué à certains et pas à d’autres, probablement par méconnaissance de notre travail de terrain, fustige Valérie Duhail, représentante CGT. Ce qui fait que, dans un même bureau, certains sont, d’après les critères du Département, éligibles et d’autres pas, car on considère que ces derniers ne font pas d’accompagnement socio-éducatif. Ce qui est pourtant en réalité le cas. » Un reportage avec photo de Guillaume Bouniol et Florence Stollesteiner.
- 3 questions sur la grève illimitée des agents du Centre d’action sociale de la Ville de Paris (CASVP) | France 3 : Cela fait déjà plus de deux mois et demi qu’une grande partie des agents du Centre d’action sociale de Paris sont en grève. Après avoir occupé un temps le restaurant solidaire du Palikao, dans le XXe arrondissement, ils poursuivent leur mobilisation pour obtenir une revalorisation salariale. Pourquoi cette grêve qui dure ? C’est pourobtenir la revalorisation salariale de 189 euros net par mois prévue par le Ségur 3 de la santé pour les travailleurs sociaux et socio-médicaux. Une augmentation que certains agents du Centre d’action sociale de la Ville de Paris ne perçoivent pas, comme les agents techniques des restaurants solidaires de la capitale, au motif qu’ils n’exerceraient pas un métier social. « C’est faux. Les agents techniques comme le sont les cuisiniers par exemple sont au contact des bénéficiaires. Ils font un métier social puisqu’ils sont là pour entretenir un lien avec un public parfois difficile », explique Mouni Coudoux, la porte-parole des grévistes.
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Vous êtes allé(e) au bout de cette revue de presse ? Bravo et merci ! Merci aussi à Michelle Flandre qui m’a aidé à la réaliser
Photo : Capture d’écran du reportage de E.Prigent, C.Rigeade, T.Germain, A.Remond de France Télévision