L’aide à domicile à l’épreuve du racisme : des préjugés qui ont la peau dure
Directrice d’un service d’aide à domicile à Paris, Dafna Mouchenik dénonce les demandes racistes de certains usagers qui ne veulent pas être accompagnés par des professionnelles « noires » ou « arabes ». Les préjugés sont souvent difficiles à « dégommer » explique le Média Social qui lui donne la parole et l’a aussi filmée. Le racisme le vrai, celui du quotidien Dafna Mouchenik, l’a rencontré comme tant d’autres travailleurs sociaux.
Mais laissons-la parler : « L’histoire que je veux vous raconter commence par la visite d’une vieille dame dans nos locaux. C’est qu’elle ne se fait plus toute jeune et commence à peiner pour tout, pour un rien. Elle sent bien que c’est le début de la fin, enfin, c’est ce qu’elle dit : « Je viens pour savoir comment ça se passe votre affaire, pour le jour où j’en aurai besoin. ».
Il lui est d’abord expliqué avec sourire à l’appui les conditions d’intervention d’une aide à domicile. La petite dame sans complexe aucun, demande alors : « C’est quoi ce que vous avez ? Elles sont colorées celles que vous envoyez ? Mais vous n’avez que ça chez vous ? Vous n’avez pas de Blanches ? » (imaginez la tête de son interlocutrice) …/… La vieille au chapeau scrute le visage de Diénaba qui l’accueille après . Voilà que j’entends aussi ce qu’elle pense : si des Noirs travaillent même dans les bureaux, qui va-t-on lui envoyer chez elle ?
Un sourire narquois au coin des lèvres, du mépris dans les yeux, elle acquiesce à tout ce qu’explique Myriam qui a pris le relai après Diénaba. « Elle ne serait pas un peu arabe, cette petite ? Décidément, ce service est perdu, y a plus que des étrangers ». « Elle se lève sans demander son reste, toujours le même rictus sur sa face figée et la voilà qui disparaît, nous laissant hallucinées, mais soulagées » conclut la chroniqueuse. Lisez cette tribune, elle nous rappelle combien le monstre du racisme au quotidien est présent et qu’il nous faut le combattre pied à pied. (lire l’article du Média Social)
Alprazolam Team
Lien social nous apprend par la voix de son chroniqueur Vince que celui-ci, après 23 ans de bons et loyaux services dans la protection de l’enfance, vient de recevoir sa première ordonnance d’anxiolytique ! La consécration, enfin ! écrit-il « Je ne suis pas peu fier de faire partie de la confrérie des éducs au bout du rouleau ».
« Jusqu’à présent, je fréquentais quelques membres de ce club sans comprendre vraiment le fond de leur philosophie. Au fil du temps, je me suis senti de plus en plus proche d’eux, jusqu’à être franchement concerné par leurs préceptes. Aujourd’hui on reconnaît que je suis apte à l’inaptitude et ça, croyez-moi, c’est une sacrée reconnaissance pour moi ! Pouvoir entrer dans cette belle famille des névrosés du travail social : l’ambition ultime » écrit-il
On retrouve là l’humour de notre « éducateur spécial » préféré qui manie l’ironie du désespéré pour traiter un sujet grave que de nombreux travailleurs sociaux rencontrent à un moment donné au cours de leur carrière. Il se confond ensuite en de multiples remerciements tel un acteur oscarisé qui donne des bons et mauvais points à celles et ceux qui sont aux manettes d’un système qui provoque de tels épuisements. Certains diront que l’inventaire est facile. Pour ma part je pense qu’il faut quand même s’y arrêter et bien lire cette longue liste (lire la chronique de Lien Social)
Hébergement d’urgence en Seine-Saint-Denis : malgré des places pérennisées, le 115 saturé
Le gouvernement a prolongé plus de 40 000 places d’hébergement d’urgence depuis le début de la pandémie. Mais finalement, c’est loin d’être suffisant au regard de la crise sociale qui se déploie à bas bruit. Pour preuve, le 115 de Seine-Saint-Denis alerte sur une saturation exceptionnelle pour la période.
Chaque jour, 400 à 450 demandes de mises à l’abri y restent sans réponse précise le journaliste de France Inter Rémi Brancato qui est allé sur place. Il nous rapporte des témoignages très éclairants. Ainsi « A cet homme, qui explique passer de la rue à des carcasses de voitures abandonnées avec sa compagne enceinte de deux mois, et n’avoir pas obtenu de réponses depuis quatre jours, Hicham [qui travaille au 115] n’a pas de solution à apporter »
Selon Interlogement, chaque jour, 400 à 450 personnes dont l’appel est décroché ne se voient proposer aucune solution d’hébergement. Notez bien que tous les appels sans réponse ne sont pas comptabilisés dns cette statistique. Il y en a 100 à 200 en temps normal, quand des places d’hébergement « hivernales » sont ouvertes. « On a tendance à oublier que des personnes arrivent régulièrement dans des situations de difficulté vis-à-vis du logement, on n’a pas un stock de personnes à la rue » Bref chaque jour des personnes nouvelles sont à la rue alors qu’elles n’y étaient pas auparavant (lire l’article de France Inter)
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Photo : capture d’écran de la Vidéo Le Média Social sur Viméo : Dafna Mouchenik
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Merci aussi à Michelle Flandre qui m’a aidé à la réaliser