Ah, A.H : ça fait wahoouuuu à l’Assemblée ?
Quelle mouche l’a piquée ? Deux jours seulement après la conférence sur le handicap, tenue le 11 février, Sophie Cluzel, la secrétaire d’État chargée des personnes handicapées, s’est opposée à l’Assemblé Nationale au projet de loi présentée par une député de l’opposition annulant la prise en compte des ressources du conjoint dans l’attribution de l’allocation d’adulte handicapé (AAH)
Ce sont quatre députés LREM qui, en rejoignant les groupes d’opposition, ont fait passer cette loi, le 13 février. L’occasion pour Nicole Ferroni de s’en féliciter dans son billet d’humeur sur France Inter le mercredi 19 février. (Il faudra m’expliquer un jour pourquoi je la trouve si sympathique).
Mais c’est l’occasion de nous interroger, une fois de plus, sur cette volonté récurrente du gouvernement de ne prioriser que les aspects budgétaires d’une mesure quitte à s’en prendre aux plus fragiles.
Protection de l’enfance : les travailleurs sociaux en première ligne face aux violences dans les Landes
Les violences verbales et physiques à l’encontre des travailleurs sociaux de la protection de l’enfance augmentent. Le Département des Landes est le premier à en faire le constat. Au total, 16 plaintes ont été déposées par le conseil départemental en 2019 suite à l’agression de fonctionnaires.
Coup de projecteur sur le foyer du centre départemental de l’enfance de ce Département ;
« Des morsures, des coups de pieds, de mains, de poings… Des enfants qui à ce moment-là avaient besoin de s’exprimer et qui ne savaient pas faire autrement que par la violence » explique Jade, éducatrice spécialisée. « De plus en plus d’enfants nous désignent comme les responsables de leur placement et de tout ce qui se passe pour eux », continue Amandine, sa collègue.
Malgré les efforts du Conseil départemental (25 millions d’euros par an pour le placement des enfants en situation dangereuse) : deux éducatrices pour douze enfants au quotidien, le nombre de situations à gérer est trop important pour un seul encadrant.
(lire l’article de France Bleue)
Dans l’ESS aussi, il y a de la souffrance au travail
Le media social présente ici un livre intitulé « Souffrance en milieu engagé : enquête sur des entreprises sociales », de Pascale-Dominique Russo. Ce n’est pas une surprise mais bon : « Malgré les causes qu’elles défendent, les entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS) ne font pas office de bonnes élèves en matière de bien-être au travail. Associations, mutuelles, coopératives et fondations ont, elles aussi, leur lot de management au résultat, de conflits et de burn-out ». explique la journaliste Diane Poupeau.
« Selon Pascale-Dominique Russo, les causes de ce mal-être sont à rechercher, entre autres, dans la logique de concurrence dans lesquelles sont placées toutes ces structures – pourtant non lucratives – dans un contexte de baisse des subventions publiques ». (lire l’article du Média Social)
Mais ceci s’explique aussi à travers une tribune publiée sur Médiapart
La marchandisation du social tourne à plein régime
Marcuss « Citoyen Libertaire » explique un processus en cours particulièrement inquiétant. A-t-il raison ? Qu’en pensez-vous ?En tout cas, l’auteur n’y va pas par quatre chemins :
« Les craintes des associations grandissent chaque jour. Avec un État complice des attaques néolibérales, les questions sociales seront-elles laissées aux mains des banques et des investisseurs privés lucratifs ? » écrit-il. Cette vision que certains considèreront comme marxiste, s’appuie sur une réalité difficilement contestable :
- Les associations sont de plus en plus soumises aux restrictions budgétaires. « Pour trouver des financements, de nombreuses associations doivent passer par des commandes publiques. Or avec cette logique, on inverse l’essence même de l’intervention associative ».
- « Les associations deviennent des prestataires de service et la collectivité une autorité organisatrice. Elles perdent totalement leur capacité d’innovation et d’initiative qui sont pourtant deux grands principes importants du champ associatif ».
- Le financement à impact social (FIS) fait passer l’économique avant le social ; « Avec les FIS, les investisseurs privés et les banques avanceront de l’argent à l’État pour financer des missions sociales » …/… Sous couvert d’innovation sociale, de modernité et de réalisme, ce sont les valeurs de rentabilité, d’efficacité et d’efficience qui vont traduire cette nouvelle forme de contrat.
- Que devient notre culture professionnelle, nos valeurs, nos éthiques dès lors que le social devient lucratif ? Une personne accompagnée n’est pas un simple calcul mathématique, une machine que l’on peut diriger à sa guise, une marchandise sur laquelle on peut tirer un profit.
(lire la tribune de Marcuss « Citoyen Libertaire »)
Photo : capture d’écran de Nicole Ferroni lors de son billet « Ah, ah : ça fait wahoouuuu à l’Assemblée ? » sur Inter
Sélection des articles réalisée avec l’aide de Michelle Verrier Flandre
Cette revue de presse a été rédigée en partie par mon collègue Tom Léducspé qui comme son nom l’indique est travailleur social… Merci à lui !