Adieu le CSTS, un grand bonjour au HCTS, le Haut Conseil du Travail Social…

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C’est la bonne nouvelle en cette fin d’année scolaire. Le nouveau Conseil Supérieur du Travail Social rebaptisé Haut Conseil du Travail Social (HCTS) devrait se réunir dès la première semaine de juillet. Il est la continuité – en mieux – de ce qui existait auparavant. En mieux parce que, selon un rapport de la députée du Pas de Calais  Brigitte Bourguignon (photo),  il préconise la participation des personnes aidées, ou si vous préférez des « usagers » des services sociaux mais également des travailleurs sociaux eux mêmes avec leurs associations professionnelles, de l’encadrement aussi et bien sûr les syndicats de salariés. Bref, « le terrain » sera plus présent qu’auparavant.

L’information circule dans les réseaux professionnels mais le second rapport de Brigitte Bourguignon intitulé « Rapport de préfiguration du Conseil Interministériel de Travail Social » publié en avril donne une ampleur  à cette institution renouvelée qui, rappelons-le, porte la parole du travail social auprès de la ministre des Affaires Sociales et de la Santé et plus largement du gouvernement. Cette instance nationale, contrairement à ce qu’en pensent ses détracteurs, reste un lieu où la parole est libre, où les échanges sont construits sur des savoirs professionnels et institutionnels. Certes, ce n’est pas une instance de décisions mais plutôt de propositions où les échanges peuvent parfois être vifs, mais restent toujours argumentés.

Comme je n’ai pas mission de diffuser ce rapport d’une trentaine de pages très intéressant , je ne peux que vous en communiquer certains points qui me paraissent des plus novateurs  en attendant que la DGCS le mette en ligne.

Rappelons que Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, et Ségolène Neuville, Secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées et de la Lutte contre l’exclusion avaient demandé  à la députée Brigitte Bourguignon de conduire une mission de préfiguration de ce nouveau Conseil afin notamment de repenser sa composition en intégrant notamment la participation des personnes accompagnées. Il lui était aussi demandé d’identifier les leviers pour une participation effective des différents ministères, de proposer l’organisation propre à aboutir à une composition plus resserrée  et à renforcer la mission de conseil éthique et déontologique sur le territoire. J’avais eu a chance d’être auditionné comme d’autre personnes qualifiées du Conseil ainsi que les représentants des associations professionnelles.

Alors quelques éléments sur ce Haut Conseil du Travail social tel qu’il pourrait être en quelques lignes…

  • Il pourrait être un Conseil qui favorise une forme de coordination de tous les Conseils et instances thématiques relatives au travail social (CNSA, ANESM, CIPC, CPC, et j’en oublie…) . Il pourra ainsi  « incarner la dimension transversale du Travail Social »
  • Il lui serait assigné un « rôle d’observation de l’état du travail social, de veille et de recommandations sur les évolutions nécessaires du travail social et des pratiques professionnelles ». Je trouve personnellement particulièrement utile que la question des pratiques professionnelles soit posée pour rappeler le sens de notre travail.
  • Avec un rôle d’élaboration de doctrine en matière d’éthique et de déontologie, et de diffusion des bonnes pratiques professionnelles, il pourrait aider à se positionner face aux demandes parfois peu réalistes des employeurs qui peuvent être enclins à ne considérer les travailleurs sociaux que comme un moyens d’obtenir des résultats sans regarder la question du sens de l’action. Cela laisse aussi supposer en creux qu’il en existe de mauvaises pratiques et, ne nous voilons pas la face, il sera bon par exemple de rappeler que le travail social ne se limite pas au remplissage d’imprimés, de production de rapports divers et variés ou encore au respect de procédures et protocoles normalisés même si ceux-ci restent utiles pour certaines missions …
  • Il est proposé que le Conseil reste indépendant et soit présidé par une personnalité politique reconnue. Personnellement je voterais, si j’en avais la possibilité pour que Mme Bourguignon puisse le présider, c’est quand même elle qui s’est engagée dans ce travail d’analyse et de propositions. Elle connait bien le travail social et l’a déjà prouvé  mais bon, ce n’est pas moi qui décide ! En tout cas il nous faut quelqu’un qui connaisse déjà les réalités des travailleurs sociaux et puisse reconnaitre la diversité et la complexité de notre travail. Il est aussi proposé que 2 vice présidents assistent son travail. Un d’entre eux « aurait légitimité à être proposé au collège représentant les professionnels. Il s’agirait de donner un signe politique fort et constituerait une des conditions de l’appropriation du conseil par les praticiens ».
  • Car il y aurait bien un collège des « praticiens » ou plutôt des représentants des travailleurs sociaux par profession. Les assistants sociaux, les éducateurs et les  conseillères en ESF pour ne citer que ces 3 professions emblématiques du travail social pourraient (enfin) avoir  leur place comme d’autres : « Afin de prendre la mesure des pratiques professionnelles, il semblerait opportun d’ouvrir le Conseil aux organisations professionnelles et non plus aux seules organisations syndicales déjà représentées à la Commission professionnelle consultative (CPC). Cette option permettrait au Conseil de centrer sa réflexion davantage sur le travail social et ses acteurs plutôt que sur les conditions d’exercice des travailleurs sociaux. Leurs réseaux associatifs pourraient utilement être mis à profit pour remonter du savoir professionnel et diffuser les travaux du Conseil. Dans ce même collège, une place devrait être faite à l’encadrement du fait de sa responsabilité stratégique en termes d’évolution des pratiques souhaitées. Il en est de même pour la médiation sociale qui au cours des travaux des EGTS a participé activement aux réflexions dans une perspective de rapprochement et se voit aujourd’hui très sollicitée pour professionnaliser ses intervenants. » Pas mal, non ?
  • Les syndicats et les personnes qualifiées ne sont pas oubliés même s’ils sont, il me semble, moins nombreux que par le passé.
  • La représentation des personnes accompagnées est acquise et c’est très bien ainsi. car qui est le mieux placé pour apporter son point de vue sur les évolutions du travail social ? Cela peut paraitre pour certains un peu démagogique, mais je pense qu’au contraire nous avons tout à gagner à travailler avec les personnes. C’est d’ailleurs ce que nous faisons généralement dans notre quotidien professionnel, alors pourquoi faire autrement ici ? Cette participation des usagers pose évidemment d’autres questions, telles leur représentativité, leur possible instrumentalisation, ou encore leur « institutionnalisation » mais nous pouvons aussi leur faire confiance, avec de bons choix pour éviter la langue de bois et les discours surfaits et simplistes. Aujourd’hui de nombreux usagers parlent clairs et sans détours de ce qui est bon pour eux et ce rappel est souvent plein de bon sens…
  • Par contre, il semble que l’objectif de réduire le nombre de membres participants soit difficile voir impossible au regard des ambitions de cette nouvelle instance nationale. Le Conseil pourrait être composé de 54 membres répartis en 4 grands collèges représentatifs des pouvoirs publics, des personnes accompagnées, des professionnels et des acteurs nationaux qui s’associent les compétences de personnes qualifiées ;

enfin rapidement écrit

  • Il pourrait être attribué à ce conseils des moyens un peu plus conséquents que ceux qui étaient alloués par le passé.
  • Ses missions pourraient s’articuler autour de 2 grands axes : la production d’un rapport tous les 3 ans sur l’Etat du travail social  rejoignant ainsi l’idée de créer un observatoire du travail social. Il y aurait aussi la production d’avis éthiques et déontologiques. Ce seraient « des publications plus opérationnelles sous forme de référentiels méthodologiques ou de fiches repères pour répondre aux attentes des professionnels et des centres de formations ainsi que des services déconcentrés de l’État qui sont attendus ».
  • Mais ses missions seraient étendues avec des groupes de travail dédiés à des thématiques spécifiques

Cette présentation est loin d’être exhaustive, beaucoup d’autres points sont abordés. Attention : certains seront validés d’autres pas.  Bref le chantier pour ce nouveau Haut Conseil du Travail Social est engagé. La volonté politique et celle de l’administration sont affirmées. Je suis peut être optimiste mais c’est à nous  de relever ce défi en aidant  à construire une instance portée par du sens, des valeurs et des pratiques qui font aussi la noblesse notre travail.

 

Photo : Philippe Grangeaud Solfé-communications. Brigitte Bourguignon, lors d’un colloque sur un autre sujet : le sport…  Prise le 8 juin 2011 Certains droits réservés

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6 réponses

    1. Bonjour,
      il vous faudrait interroger votre association professionnelle, la FNEJE qui avait été auditionnée et qui pourra vous répondre je pense assez rapidement 😉

  1. bonjour Mr Dubasque,

    moi aussi j’ai envie d’être optimiste sur les orientations que va prendre ce nouveau HCTS. Comment peut-on en savoir davantage sur les modalités de participation à cette instance ou à ses futurs travaux?
    CDT
    Christine Bailly, chargée de mission en travail social
    Conseil départemental des Vosges (nous nous sommes rencontrés à la journée ASH l’an dernier)

  2. Didier comment cette instance peut elle être indépendante si elle est présidée par une personnalité politique?

    1. Bonjour Rachel,
      Le Conseil n’est pas décisionnaire mais simplement consultatif, ce qui, je crois, contribue à sa liberté de parole et celle de ses participants. Certaines organisations syndicales ont pu par exemple développer leurs analyses (parfois assez radicales) en toute indépendance et cela n’a pas empêché leurs représentant de travailler au sein des commissions constituées. L’indépendance est toujours relative, c’est sûr. Mais certains avis par le passé sont allés à l’encontre de positions portées par le gouvernement de l’époque. Ce n’est pas le fait que le président soit soit issu du « politique » qui empêche l’indépendance, c’est ce qu’il fait effectivement de la parole collective portée par l’assemblée qui est diverse et pluraliste. (C’est bien l’assemblée plénière qui valide ou invalide les propositions d’avis). En tout cas jusqu’à présent les membres du CSTS avaient fait preuve d’indépendance et cela risque d’être renforcé avec l’arrivée des représentants des associations professionnelles et des usagers qui auront sans doute la volonté de dire ce qu’ils pensent et ce qu’il faut faire pour améliorer ce qui ne fonctionne pas sur le terrain. Bon maintenant, rien n’est parfait et je ne peux présager de l’avenir… Je suis peut être un peu trop optimiste 😉
      Cordialement
      Didier

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