L’intervention sociale d’intérêt collectif fait partie intégrante de l’histoire du travail social dès son origine. Elle n’avait pas cette appellation qui est de construction récente. C’est en Angleterre à la fin du XIXe siècle, qu’apparurent les premières expériences de travail social de type communautaire dans les quartiers. En France, la création de la première résidence sociale remonte à 1896. Je vous propose aujourd’hui que nous remontions à la source de ce travail social collectif.
Ainsi à Londres en 1884, un vicaire, S. Barnett, créée les premières maisons de quartier. Les “ Settlements houses ” travaillent avec et pour les habitants, à la recherche de l’amélioration de leur niveau de vie mais s’engagent aussi en les soutenant lors de leurs luttes sociales.
En France, la création de la première résidence sociale remonte à 1896 (1). Inspirées du modèle anglo-saxon « settlements House », dont le marquis de Beauregard avait rendu compte dans un ouvrage publié en 1896, les résidences sociales seront la première forme du travail social. Se désignant comme des travailleuses sociales, implantées dans les quartiers populaires, des femmes concrétisent cet idéal par de nombreuses activités d’éducation populaire et d’éducation sociale. L’initiative des “maisons sociales” permet de faire émerger trois idées qui marqueront ultérieurement le travail social :
- d’une part l’idée de proximité géographique,
- d’autre part l’importance accordée à une présence permanente de ceux qui aident,
- enfin l’intervention collective et globale de l’intérieur d’un milieu donné sur tous les aspects de la vie quotidienne.
Cette initiative peut être considérée comme l’ancêtre du travail social collectif. Mais ces maisons sociales ou résidences sociales resteront très marginales et n’eurent qu’une influence limitée s’expliquant par leur petit nombre et leur courte durée (1896-1909) (2). L’expérience aurait pu s’arrêter là, sans la détermination de Marie-Jeanne Bassot qui partira à Levallois recréer, clandestinement au début, une autre résidence sociale, considérée aujourd’hui comme l’ancêtre des centres sociaux actuels.
Le premier “ Settlement House ” aux États-Unis date de 1896. On en compte 74 en 1897, 109 en 1900 et 350 en 19113. Leur développement outre-Atlantique, a été dû à l’immigration importante en provenance d’Angleterre. À la fin du XIXe siècle, les travailleurs sociaux des USA, créent les “ Community Council ”. Ces conseils communautaires (3) permettent l’organisation de la coordination des actions dans les quartiers. Ils promeuvent une participation démocratique des citoyens et favorisent l’organisation de collectes. Ces recueils de fond se sont surtout développés aux États-Unis dans les années 1920 afin de financer de multiples activités en direction de la population la plus fragile.
A la même époque, dans la deuxième moitié du XIX ème siècle, on observe en France l’apogée de l’éducation populaire. Elle est liée à l’affaire Dreyfus et au sentiment d’une république en danger, menacée tant par l’armée que par l’Eglise. Toute une partie de la classe intellectuelle pense que le salut viendra du peuple et qu’il faut alors l’éduquer au plus vite. Ainsi de 1875 à 1900, il s’agit pour les laïques d’instruire le peuple en vue d’une citoyenneté républicaine, pour les catholiques de l’instruire pour restaurer ou instaurer un nouvel ordre chrétien. De 1899 à 1908, des universités populaires se créent dans toute la France et accueillent plus de 50 000 auditeurs entre 1901 et 1902…
notes
- Rupp Marie Antoinette, Guerand Roger Henri dans Brève histoire du service social (1978) Toulouse édition Privat
- due principalement à la célèbre affaire en justice concernant Marie Jeanne Bassot comme au contexte de différentes condamnations des mouvements « le sillon » par le pape Pie X en 1910 et action populaire en 191
- cf. Communauté locale et organisation communautaire aux États-Unis par Jean-François Médard, Revue Française de Sociologie, Vol. 12, No. 1, Jan. – Mar, 1971
Photo : Jane Addams, one of the pioneers of the Settlement House movement in the USA