Disparitions de mineurs : comment plus de 40.000 enfants disparaissent chaque année en France
Chaque année en France, ce sont entre 40.000 et 50.000 signalements de mineurs disparus pris en compte par les forces de l’ordre. Dans plus de 90 % des cas, il s’agit de fugues au dénouement heureux. Le nombre de mineurs introuvables reste faible. Les ados de 14/15 ans sont les plus représentés et le danger de la prostitution guette au coin de la rue. Les enlèvements parentaux et la disparition inquiétante ou criminelle, sont beaucoup plus rares.
Les déclarations de fugues concernent aussi des enfants confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance. Le journaliste de la Dépêche n’en fait pas état mais il précise que parmi les 42.000 fugueurs, 30% d’entre eux sont retrouvés dans les 48 heures. De nombreuses fugues révèlent des dysfonctionnements familiaux, mais on ne peut pour autant considérer qu’il s’agit de la seule responsabilité des parents.
Le journaliste indique que les adolescents en situation de vulnérabilité peuvent devenir les proies faciles de réseaux criminels. Prostitution forcée pour les filles, recrutement dans l’organisation de trafics de stupéfiants pour les garçons. Le retour à la maison de l’adolescent fugueur s’accompagne, selon les cas, d’un suivi et d’un accompagnement. Le journaliste ne précise pas que là aussi cet accompagnement est principalement assuré par l’ASE. Enfin, il est précisé le numéro unique et européen d’appel en cas de disparition inquiétante. C’est le 116000. Il est dédié aux familles d’enfants disparus. Numéro gratuit, disponible 7j/7. (lire l’article de la Dépêche)
L’État condamné à payer près de 85.000 € aux parents d’un enfant autiste
Les parents d’un enfant autiste avaient attaqué l’État devant le tribunal administratif de Rouen, car faute de places, leur enfant n’a pas pu être pris en charge dans un établissement spécialisé pendant plusieurs années. Le tribunal leur a donné raison. Le journaliste de Paris-Normandie, Jérémy Chatet revient en détail sur cette affaire qui pourrait faire jurisprudence. En septembre 2018, le jeune Valentin qui souffre d’un syndrome autistique aggravé et d’une hyperactivité motrice, a été déscolarisé. « Son comportement inadapté rendant impossible un maintien en milieu scolaire ». Il n’a été pris en charge dans un IME, qu’à partir de mai 2019, et à raison d’une demi-journée par semaine. Il intégrera ensuite un autre IME d’abord à temps partiel, jusqu’à être intégré à temps complet dans l’établissement à partir d’octobre 2020.
L’Agence régionale de santé (ARS), mise en cause, a estimé que sa responsabilité n’était pas engagée. Elle a reproché aux parents de ne pas avoir fait l’effort de contacter tous les établissements susceptibles d’accueillir Valentin. De son côté, rapporteur public est allé dans le sens des parents. Selon lui, le manque de places dans les établissements spécialisés révèle une carence de l’État. Il estime que les parents ont fait les démarches nécessaires auprès des IME concernés. « L’ARS soutient sans preuve que la parents ont refusé une place pour 2017-2018 », a-t-il précisé.
Le tribunal estime que la prise en charge chronophage de Valentin par ses parents «a eu un retentissement négatif sur les conditions d’existence de sa sœur ». L’État devra régler une somme totale de 85.500 €. L’ARS va très certainement faire appel de cette décision qui ouvre la porte à des contentieux initiés par d’autres parents (lire l’article de Paris Normandie)
Non-recours : attention aux effets de bord de l’automatisation
Ne manquez pas cet article qui alerte sur les effets induits d’une automatisation du versement des prestations : en matière de prestations sociales, les plus fragiles sont souvent à la fois les plus en difficulté avec le numérique et ceux qui ont les dossiers les moins « automatisables ». Cette question a été abordée à l’occasion d’un colloque de la Drees, suivi par Caroline Megglé pour Localtis.
Le grand projet de « solidarité à la source », destiné à renforcer la « lisibilité » du système et des « bases ressources », a pris le relais du « revenu universel d’activité » qui visait une fusion des prestations. Or c’est désormais un constat établi : » Dématérialisation et réorganisation des services publics ont renforcé l’éloignement des publics. En effet, les Maisons France Services, ne sont pas des lieux d’accès au droit au sens propre du terme ». Les professionnels qui les animent ne savent pas gérer les dossiers dits « complexes ».
L’automatisation, qui peut avoir du mal à intégrer les situations les plus complexes, ne doit pas être « compensée par des pertes de moyens ». Bien au contraire, elle doit « accompagnées par des moyens qui soient ‘attentionnés’ » a expliqué le directeur adjoint de la CNAF, alors que les négociations sur la future convention d’objectifs et de gestion (COG) 2023-2027 devraient aboutir à l’été.
La solution avancée consiste à vouloir mettre en place le dispositif de ressources mensuelles (DRM). Un dispositif qui ne sera pas sans failles. La Défenseure des droits demande depuis un an et demi la mise en place d’une « cellule de régularisation des situations critiques sur les aberrations liées à l’automatisation ». Cette cellule n’étant pas en place, « on rame au cas par cas », alerte Daniel Agacinski adjoint du défenseur des droits. La difficulté est selon lui de « ne pas avoir la possibilité d’entrer humainement dans ce DRM pour changer et rectifier les erreurs ». (Lire cet article très éclairant de Localtis)
Bonus : Cette assistante sociale accompagne de plus en plus de retraités précaires
Véronique Hobbé est assistante sociale pour le Département de l’Eure. « Elle s’oppose à la réforme des retraites qui selon elle, serait un nouveau coup dur porté aux plus fragiles ». C’est ce qu’indique la journaliste Arielle Bossuyt qui lui donne la parole. Notre collègue s’explique dans les colonnes du Démocrate Vernonnais. : « Nous sommes le dernier rempart à la misère humaine » dit-elle. « Certains vivent avec le minimum vieillesse (961 €). En début de semaine, une dame est venue nous voir, car elle n’arrivait pas à boucler ses fins de mois, même avec une pension de 1.400 euros. Avec l’inflation, c’est de plus en plus difficile. Certains n’ont pas le droit aux allocations logements, ni à la complémentaire santé. Ils se retrouvent sans solution. »
Pour sa part, après avoir commencé dans la fonction publique en 1992, Véronique Hobbé devra travailler jusqu’à 68 ans selon la future réforme des retraites. Comme beaucoup d’autres femmes, elle travaille à temps partiel et sera donc pénalisée. « Avec cette charge mentale qu’implique mon métier, je ne me vois pas travailler jusqu’à 68 ans » dit-elle. (lire l’article publié par actu.fr)
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