Le métier d’éducateur spécialisé est-il frappé d’obsolescence ?
C’est la question que pose Jean-Luc Gautherot, enseignant auprès des formations supérieures à l’Institut du travail social (ITS) Pierre Bourdieu de Pau. Il intervient dans les colonnes du Média Social. Il y a toujours eu des métiers devenus inutiles qui ont disparu. L’auteur prend exemple dans le secteur automobile où le virage électrique provoque l’obsolescence du métier d’ingénieur du moteur thermique. Pour lui, il est à craindre qu’un changement de paradigme impacte fortement les métiers du travail social.
L’usager n’est plus une personne vulnérable qu’on doit protéger dans des institutions pour tenter de le réadapter, mais un citoyen capable qui doit pouvoir vivre en milieu ordinaire grâce à un soutien in situ. Comme tous les changements de modèle, la conversion inclusive crée des effets d’obsolescence. Le métier d’éducateur spécialisé est particulièrement concerné par le phénomène écrit-il. Il cite Philippe Gaberan, figure historique de l’éducation spéciale, qui dans un récent article indique que, depuis la réforme de 2017, le référentiel métier ne correspond plus au métier historique, mais à celui de référent de parcours.
« Éducateur spécialisé n’est visiblement plus un métier. C’est un diplôme qui donne accès à des métiers divers ». L’auteur s’inquiète des attendus de la conférence des métiers, prévue en février. Pour lui, cette conférence va s’engager dans une redéfinition radicale des métiers pouvant aller jusqu’à la réactivation du projet de fusion des diplômes, sans forcément prendre en compte les conditions du financement d’une augmentation généralisée des salaires des travailleurs sociaux. (lire la tribune de Jean-Luc Gautherot, dans le Média Social)
Les salariés du médico-social revendiquent des hausses de salaire
Ils sont psychologues, éducateurs spécialisés ou assistantes sociales, et réclament les mêmes revalorisations salariales que celles octroyées à leurs collègues soignants : les salariés du social et du médico-social, au service de personnes handicapées ou d’enfants en difficulté, étaient appelés à la grève, hier, pour dénoncer une « rupture d’égalité » indique un article de l’AFP publié par le journal Le Monde.
Une conférence de presse réunissant les représentants d’une intersyndicale CFDT-FO-UNSA avait lancé cet appel à cette journée d’action qui concerne entre 450.000 à un million de professionnels, employés des fonctions publiques hospitalière et territoriale ou du secteur privé.
« C’est un problème d’équité. Certains professionnels démissionnent, ils sont dégoûtés par l’absence de reconnaissance de leur métier », a souligné Didier Birig, de Force Ouvrière. Les syndicats confirment une fuite des compétences pour les secteurs mieux rémunérés et d’importantes difficultés de recrutement. (Lire l’article de l’AFP pulié par Le Monde)
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Aides sociales : ces Français qui oublient de réclamer leurs prestations
Au moins dix milliards d’euros d’aides sociales ne seraient pas réclamés par leurs potentiels bénéficiaires chaque année en France annonce le journaliste Maxime Gayraud dans Le Parisien. Cette information a pour origine le site Mes-allocs.fr, qui propose un service privé (donc payant) d’accompagnement pour aider les internautes dans leurs démarches. Ses promoteurs ont tenté de déterminer le taux de non-recours aux principales aides (aides au logement, revenu de solidarité active, prime d’activité…).
Le résultat est édifiant. Certaines aides affichent un taux de non-recours assez faible (5 % par exemple pour l’allocation de rentrée scolaire pour les foyers avec 2 enfants). Mais d’autres sont méconnues telle l’allocation éducation enfant handicapé (AEEH) avec près de 300.000 parents allocataires, mais un taux de non-recours estimé à 85 %. Ce n’est pas beaucoup mieux pour l’Allocation adulte handicapé (AAH) avec un taux de non recours de 61 %.
Il est aussi constaté de grandes disparités entre départements. Ainsi, pour l’AAH, quand l’Ain et la Haute-Savoie affichent un taux de non-recours de 73 %, il n’est que de 39 % dans l’Aude ou la Lozère. Cette information, reprise dans les journaux régionaux notamment provoque une avalanche de commentaires négatifs à l’encontre de ceux qui en bénéficient. Ce sont les fraudeurs au RSA qui intéressent les internautes pas le fait que les plus modestes ne fassent pas appel aux prestations auxquels ils ont droit. C’est pitoyable d’autant que certains commentaires sont ouvertement racistes. (lire l’article du Parisien)
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La sélection des articles a été réalisée avec l’aide de Michelle Verrier Flandre. Merci à elle
Photo : Pixabay
2 Responses
Les travailleurs sociaux doivent être soutenu …
Proposition de Loi pour recentraliser l’ASE.
Cette proposition, et le constat dont elle découle ( l’incroyable diversité de traitement de la Protection de l’Enfance) pose en effet la question du sens et de l’avenir de la décentralisation de l’action sociale en général, 40 ans après sa mise en oeuvre.
C’est un fait facilement observable: les Elus cantonnaux ne s’intéressent pas du tout à l’action sociale. Ils peuvent pousser des hauts cris, et contester vertement cette affirmation: c’est un fait! Pour s’en convaincre il suffit de prendre un peu de temps, et de taper sur internet « CD…. » (avec un N° de département) pour accéder au site de chaque département. On voit alors que le Tourisme vient occuper la 1ere place, chaque département étant le plus beau, le plus attractif, rempli de merveilles à découvrir. Aussitôt après, les Actualités montrent les projets de routes, ronds points, bretelles, voies rapides etc….
Tentez l’expérience de questionner un élu cantonnal pris au hasard sur les règles de l’Aide Sociale à l’hébergement des personnes âgées,et des personnes handicapées…
Certains (heureusement pas tous!!!) vous tiendront sans doute des propos assez ahurissants sur l’assistanat… et les étrangers.
Confiée à des Elus locaux, très locaux, l’Action sociale n’est très certainement pas au bon niveau.
En revanche, la recentralisation est tout aussi inquiètante. Les services de l’Etat ne montrent pas, en général, une très grande réactivité en situation de crise (cf Inondations, cataclysmes divers, masques, tests, etc…). Qu’en serait il avec l’Action sociale qui appelle des réponses rapides?