L’INSEE vient de publier une étude intéressante sur les évolutions de la famille en France. Elle a été rédigée à 3 mains (Élisabeth Algava, Kilian Bloch, Isabelle Robert-Bobée). Certaines caractéristiques intéresseront les travailleurs sociaux et objectiveront leur propre vision de la réalité sociale.
On y apprend qu’en 2020, huit millions de familles hébergent au moins un enfant mineur.
- 66 % des familles sont dites « traditionnelles » (soit 5,3 millions de familles où tous les enfants résidant dans le logement sont ceux du couple),
- 25 % sont monoparentales (soit 2,0 millions de familles où les enfants résident avec un seul parent, sans conjoint cohabitant)
- 9 % sont dites recomposées (soit 717 000 familles où il y a dans le logement un couple et au moins un enfant né avant l’union)
Surprise ! Le nombre de familles recomposées reste stable. Par contre, si le nombre de familles dites traditionnelles diminue, c’est tout simplement parce que celles qui sont monoparentales sont en augmentation.
Une famille sur quatre est monoparentale
En 2018, 41 % des enfants mineurs vivant en famille monoparentale vivent au-dessous du seuil de pauvreté monétaire, contre 21 % de l’ensemble des enfants. L’étude constate aussi que la pauvreté concerne beaucoup plus les femmes avec enfants que les hommes même s’ils sont nettement moins nombreux à être des parents seuls. Dans un tiers de ces situations, le parent seul n’a pas d’emploi la plupart du temps. Leur situation est alors plus précaire : 77 % des enfants sont pauvres, contre 23 % quand le parent est en emploi. Une réalité que connaissent bien les travailleurs sociaux des départements qui accompagnent souvent des femmes seules isolées avec enfants… et sans emploi.
Les enfants en famille monoparentale avec leur père sont moins souvent pauvres que ceux résidant avec leur mère. Ces pères avec enfants représentent désormais 8 % des familles monoparentales. 22 % des enfants en famille monoparentale avec leur père sont pauvres en 2018, proportion proche de la moyenne des enfants, contre 45 % pour les enfants en famille monoparentale avec leur mère.
Les familles recomposées sont celles qui ont le plus d’enfants
Lorsqu’on est initialement séparé avec un ou plusieurs enfants, il y a des probabilités d’agrandir sa famille lorsqu’on forme un nouveau couple si le nouveau conjoint est, lui aussi, parent isolé. C’est logique. 38 % d’entre elles sont des familles nombreuses avec trois enfants ou plus au domicile, contre 21 % de l’ensemble des familles.
Il est clair aussi selon cette étude que les femmes mères de familles nombreuses sont celles qui sont le plus « empêchées » dans la recherche d’emploi. Il leur est très difficile de concilier vie familiale et vie professionnelle avec les contraintes de la garde d’enfants, des horaires de scolarité et de la nécessité de se déplacer. (Disposer d’une voiture quand on est avec des enfants est nécessaire malgré le coût important que cela représente)
Bref, il est bien plus difficile de s’en sortir quand on est femme seule avec enfant(s) ou en couple et que l’on en élève 3 ou plus alors que le conjoint est seul à travailler avec un petit salaire… Finalement, une évidence.
Lire aussi sur ce sujet :
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Les familles monoparentales sont de plus en plus nombreuses | Le Figaro
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Famille : le modèle «traditionnel» a du plomb dans l’aile | Le Parisien
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Les familles en 2020 : de plus en plus de familles monoparentales | Vie Publique
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Parents solos : « La monoparentalité rend vulnérable » | Sud Ouest