La journée interprofessionnelle de grève du 5 décembre s’annonce très suivie. De nombreux travailleurs sociaux et des étudiants comptent y participer. Mais ce n’est pas uniquement la réforme des retraites qui est dans les têtes. Cette journée cristallise une somme de mécontentements.
Le premier concerne la faiblesse des revenus pour ceux qui travaillent. Est-il normal me dit cet assistant social que je perçoive la prime d’activité en complément de mon salaire alors que je travaille à temps plein en psychiatrie ? Nos revenus sont si peu importants que nous ne pouvons vivre et nous loger décemment en région parisienne. Je n’ai pas vocation à être pauvre en travaillant »…
Le second mécontentement qui s’exprime concerne effectivement une inquiétude : celle de vivre une retraite avec un trop faible revenu, telle que me l’a exprimé Julie assistante sociale de secteur : « Oui je vais faire grève et je ne serais pas la seule ». « On en a marre. Je suis bientôt à la retraite. La mienne ne sera pas importante mais alors pour mes collègues plus tard ce sera pire selon les calculs du simulateur. Mais c’est quoi ce bazar ? » conclut-elle. (Mais attention des simulateurs ne donnent pas des résultats exacts, certains même amplifie les pertes annoncées)
Une troisième collègue exprime quant à elle son insatisfaction face au manque de moyens pour le travail et la perte de son autonomie professionnelle. « Raz le bol des procédures et des calculs d’apothicaire pour obtenir un malheureux secours pour des personnes qui n’ont rien ou presque. Sans parler des petits chefs qui nous en demandent toujours plus ». Je serais en RTT car je n’ai pas les moyens de perdre une journée de salaire mais j’irais manifester »…
Ces 3 témoignages montrent que les raisons d’aller manifester le 5 décembre sont diverses et variées. Et il faut reconnaître que les raisons d’être mécontent ne manquent pas quand on est travailleur social.
Les syndicats ont lancé le mouvement et plusieurs collectifs de travailleurs sociaux s’y associent.
A Paris la Commission de Mobilisation du Travail Social Ile-de-France appelle à une grève « générale » qu’elle souhaite « illimitée ». Ce n’est pas la première fois. Une assemblée générale est organisée à la bourse du travail (République) à 18h00 le 4 décembre veille de la journée d’action. Pour le 5, un rendez-vous précis est donné aux travailleurs sociaux d’Île de France (13h à l’angle du Bd Magenta et de la rue des Vinaigriers (M° Jacques Bonsergent/Gare de l’Est).
A Toulouse, un appel est lancé à « s’unir pour le social toulousain » Les noms des collectifs sont variés : « le social brûle » et « le collectif 13 » à Marseille, alors qu’à Lille c’est « le social déchaîné » A Grenoble par exemple, le collectif « travail social en lutte » invite les travailleurs sociaux à se retrouver à une « assemblée générale du travail social ». Le collectif ne s’étend pas sur la question des retraites. Il dénonce surtout les (mauvaises) conditions de travail, et situe son action dans un champ plus large : « Le constat est unanimement partagé par le collectif du travail social d’une remise en cause de nos missions d’intérêt général et de l’objectif d’une société plus égalitaire : contrôle social, marchandisation, précarisation du secteur, politiques d’austérité et sécuritaires, normalisation et évaluation systématique des personnes… etc.. » écrit-il
Travail social : étudiants ou professionnels, notre combat est le même ! titre un tract diffusé par la CGT qui invite les étudiants travailleurs sociaux à participer à la journée du 5 décembre.
Les étudiants en travail social eux aussi tentent de se fédérer : à l’occasion de la journée d’action plusieurs collectifs appellent à une coordination nationale le 7 décembre à Paris (pas sûr qu’il y ait des trains pour y aller). Les motifs d’insatisfaction des étudiants sont divers : précarité, non reconnaissance du nouveau diplôme pour les 3èmes années avec craintes sur l’impossibilité de redoubler, manque de stages…
Bref, il n’y a pas que la question des retraites qui inquiète. Le malaise est réel et palpable. il s’agira de voir aussi ce que cette mobilisation va donner.
Pour conclure écoutez aussi l’économiste Thomas Piketty invité de France Inter :
Photo : compte facebook de la commission mobilisation du travail social Île de France
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