« Chacun chez soi, oui, chacun pour soi, non ! » car «ce sont les plus pauvres qui vont trinquer» : comment protéger les plus précaires ?

« Chacun chez soi, oui, chacun pour soi, non ! »

Face à la crise sanitaire qui frappe de plein fouet les ménages modestes, un collectif d’associations a lancé un appel au chef de l’État qui intervient ce lundi. Vous pouvez signer et soutenir cet appel.

« Pour les ménages modestes, à la crise sanitaire s’ajoute une crise sociale. Eux qui n’arrivent déjà pas à boucler les fins de mois en temps ordinaire, voient leurs ressources baisser avec le chômage technique, la disparition des petits boulots, des missions d’intérim, de l’économie souterraine. En parallèle, les dépenses augmentent, pour nourrir les enfants qui ne vont plus à la cantine, pour payer la consommation accrue de téléphonie, d’électricité et de chauffage… »

Pour éviter « un naufrage » de l’économie, l’État est prêt à dégager « les moyens financiers aussi longtemps que la crise durera ». Les associations attendent de l’État qu’il en fasse autant pour éviter un naufrage social. Elles demandent le versement d’une prime de solidarité de 250 € par mois et par personne pour les ménages les plus en difficulté et les jeunes précaires, jusqu’à la reprise des cantines scolaires.

Liste des signataires : Secours Catholique (initiateur), l’Uniopss, le Collectif ALERTE, la Fédération des Acteurs de la Solidarité, la Fondation Abbé Pierre, Emmaüs France, ATD Quart Monde, APF France Handicap. (Signer cet appel)

Confinement : comment le conseil scientifique veut protéger les plus précaires

Dans son dernier avis rendu au gouvernement le 2 avril, le conseil scientifique préconise notamment la réquisition d’hébergements publics et privés pour protéger au mieux les personnes en situation de précarité.

Il faut évaluer les effets sociaux du confinement explique le conseil.  Sa poursuite pendant plusieurs semaines a « des effets important sur l’activité, les comportements, le moral et la santé de nos concitoyens ». Beaucoup d’effets induits sont encore « invisibles ».

Le rapport aborde aussi la situation des personnes incarcérées : les 186 prisons françaises sont des lieux à risques du fait de la propagation du virus, des conditions de détention, de la promiscuité et de la suspension des contacts avec l’extérieur. La libération de 5000 détenus annoncée ne correspond qu’à une réduction de la surpopulation d’environ la moitié des détenus excédentaires indique le rapport.

La quatrième partie de ce rapport concerne les personnes en situation de précarité :  « Cette crise sanitaire va particulièrement les impacter ». Il est à craindre  des ruptures de droits chez des personnes qui ont un accès très limité aux outils numériques.

Il faut en finir avec les habitats collectifs

Le rassemblement dans des espaces collectifs (de type gymnases, etc.) de personnes vivant en situation de grande précarité et non infectées par le COVID19 ne se justifie en rien explique le rapport bien au contraire les risques sont là.

« Les personnes en situation de grande précarité et non contaminées doivent pouvoir, comme l’ensemble de la population, vivre le confinement dans des habitats individuels ou familiaux, et donc non collectifs ». Il est par conséquent conseillé que toutes les solutions d’hébergements publics et privés soient mobilisées pour cela (immeubles collectifs vacants, centres de tourisme, résidences hôtelières et universitaires, hôtels et appartements de locations saisonnières mis à disposition par les propriétaires sollicités ou réquisitionnés, etc.) » (lire le rapport du conseil scientifique) et (lire l’article du magazine Capital)

«On sait que ceux qui vont trinquer, ce sont les plus pauvres»

ATD Quart Monde a interrogé Élodie et Vincent qui partagent leur quotidien avec leurs trois enfants pendant cette période de confinement. Ils expriment ici leurs craintes et leurs espoirs.

Élodie et Vincent doivent « gérer l’école à la maison ».  Quand on a 3 enfants de niveau différent c’est loin d’être évident.  Les devoirs des deux petites filles sont envoyés par l’intermédiaire d’un groupe Whastsapp sur le téléphone, car la famille n’a pas d’ordinateur.

Au-delà des devoirs, il faut aussi canaliser l’énergie des enfants dans un appartement et gérer leurs émotions. Vincent (le père)ressent aussi « beaucoup de colère ».  « J’ai l’impression qu’on nous a pris pour des imbéciles, une fois de plus. On nous a dit qu’il ne fallait pas s’inquiéter, puis on a vu que ce virus était vraiment dangereux. On nous a dit que cela ne servait à rien de porter des masques, puis le contraire. On nous infantilise beaucoup, comme si on n’osait pas nous dire qu’il se passe quelque chose de grave, on minimise les choses. » (lire ce témoignage sur le site d’ATD Quart Monde)

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Enfants placés: la création d’un «internat de confinement» fait polémique dans le 93

Un centre a été créé en Seine-Saint-Denis pour regrouper des enfants placés atteints du Covid-19. Des éducateurs craignent une « stigmatisation ». Et s’inquiètent, par ailleurs, des effets du confinement pour les jeunes : maltraitance, fragilisation des familles d’accueil, etc. Médiapart est allé enquêter sur ce sujet.

Le département a créé ce centre dans un collège de Noisy-le-Grand. Il a ouvert ses portes début avril, afin de « prendre en charge dans un premier temps jusqu’à 10 enfants […] ne nécessitant pas une hospitalisation », avec un accompagnement éducatif, médical et psychologique. Un enfant a déjà été accueilli, parce que son assistante familiale était hospitalisée. Sur le terrain, le projet suscite nombre de craintes.

Du côté de certains syndicats, l’accueil de cet internat, vu comme une solution de secours, n’est toutefois pas défavorable. Jérôme Prigent, élu CGT, éducateur au Cdef, à Villemomble, explique : «Il faut être vigilant, mais il me semble que c’est quand même une bonne idée. On voyait bien qu’il n’y aurait pas assez de matériels pour protéger tout le monde en cas de grand nombre d’enfants touchés par le Covid.» (lire le reportage de Médiapart)

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