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« A quand l’applaudissement des travailleurs sociaux ? » Des professionnels et étudiants mobilisés mais aussi désabusés

Protection de l’enfance : les professionnels en appellent au chef de l’Etat face au coronavirus

« La protection de l’enfance se retrouve bien seule, insuffisamment épaulée par les pouvoirs publics locaux, et peu prise en compte dans les mesures dérogatoires décidées par le Gouvernement pour assurer la continuité de cette mission non jugée prioritaire »  expliquent 17 organisations et fédérations dans une lettre ouverte envoyée mardi au président de la République.

« Les associations, pour la plupart, doivent néanmoins faire face et organiser la continuité de leur activité alors qu’une partie de leurs personnels, estimée aujourd’hui entre 25 et 40%, a dû cesser son activité pour garder leurs enfants ou se sont mis en arrêt maladie »…/.. ‘Il est à craindre que les temps qui viennent soient autrement plus problématiques’.

Les associations de protection de l’enfance demandent au chef de l’Etat de considérer les professionnels sans délai comme prioritaires, afin de bénéficier des équipements de protection lorsqu’ils sont nécessaires. Certes cela est désormais le cas pour les gardes d’enfant mais quid des équipements de protection ?

Elles demandent aussi la mise en place de cellules territoriales inter institutionnelles, y compris avec les associations, afin de coordonner au mieux les consignes et réponses des différentes autorités impliquées.Il est également indispensable que ce sujet soit traité dans le cadre d’une approche interministérielle, puisque les questions de la santé, du handicap et de la scolarité sont indissociables de celle de la protection de l’enfance… (Lire la lettre des associations et fédérations de la protection de l’enfance (lire l’article des ASH) (lire le communiqué des associations)

Coronavirus : le personnel de la protection de l’enfance tire la sonnette d’alarme en Occitanie

Dans les foyers pour mineurs le confinement est particulièrement mal vécu. Surtout en centre ville, quand les structures d’accueil n’ont pas de terrains. Sur place, les éducateurs sont de moins en moins nombreux, avec des tâches qui se multiplient. Sans protection pour lutter contre le Coronavirus précise la journaliste de France 3 Karen Cassuto.

« On continue à exercer nos missions pour empêcher la maltraitance mais dans des conditions qui ne sont pas simples. Les professions de la protection de l’enfance sont mises à rude épreuve. Et les familles d’accueil sont en première ligne ».

Miloud Sallaye travaille douze heures pas jour. Il est éducateur dans le centre éducatif Albatros à Cornebarrieu près de Toulouse. Douze mineurs âgés de 15 à 18 ans placés par la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) y sont confinés. La plupart d’entre eux sortent de prisons pour mineur. « Un jeune est rentré dans sa famille pour ce confinement mais ça s’est très mal passé. Il a dû rentrer au centre mais n’acceptait pas les nouvelles règles sanitaires. On a dû le transférer ailleurs pour protéger les autres mineurs » explique-t-il (lire l’article de France 3

Un encadré de cet article pose la question : A quand l’applaudissement des travailleurs sociaux ?

Nicolas Gaddoni, directeur de la structure associative Ades Europe remarque un personnel social démotivé. « On ne parle pas du tout de nous. Certains sont dans l’urgence sociale, ceux qui aident les sans domicile fixe par exemple. Et nous n’avons pas du tout de quoi nous protéger« . Dans un communiqué, la CNAPE (fédération nationale d’associations qui accompagnent et accueillent les enfants, adolescents et jeunes adultes en difficulté) s’inquiète.

« les professionnels de la protection de l’enfance sont au front et cependant bien désarmés« . A défaut d’obtenir du matériel sanitaire et d’interpeller le gouvernement, la CNAPE espère au moins attirer la reconnaissance des Français et appelle à un applaudissement général, au même titre que pour le personnel soignant. ( lire l’article de France 3 Occitanie)

Les étudiants en renfort seront-ils des « bénévoles » en première ligne ?

Dans une tribune publiée sur le site de l’ANAS, les « étudiant(e)s du travail social » rappellent qu’ils font partie des personnels en première ligne face à la crise épidémique du coronavirus. l’État, écrivent-ils, doit assurer à l’ensemble des travailleuses et travailleurs sociaux les conditions de sécurité nécessaires à l’exercice de nos missions. Mais c’est surtout la question des conditions du volontariat étudiant qui inquiète.

« On ne doit pas précariser davantage encore les étudiant·es en formation ». Beaucoup d’entre eux ont d’ailleurs été touché·es par la suspension de leur emploi devant leur permettre de financer leurs études, du fait de la crise épidémique.

Dans un premier temps, ils demandent la garantie du versement des gratifications de stage pour tous les étudiant·es dont le stage a été suspendu. En effet, nombreux d’entre eux comptent sur la gratification de leur stage pour assurer la continuité de leurs études. La précarité des étudiants du travail social n’est pas un mythe.

Mais attention le « volontariat étudiant » ne doit pas non plus être synonyme de bénévolat ou de stage mais de CDD permettant une réelle rémunération. Rien n’est garanti sur ce point au vu, par exemple, de la note du préfet de région Auvergne Rhône Alpes. Cette note stipule que le cadre juridique proposé pour les étudiant·es souhaitant être volontaires pourrait être « stage-CDD-bénévolat ».  Peu de reconnaissance, pas de paiement voilà ce que les étudiants craignent.

« Il serait indécent de profiter de la crise actuelle pour faire des étudiant·es une main d’œuvre gratuite afin de pallier le manque structurel de moyens humains et financiers dans le social, préexistant à cette crise et largement dénoncé par les professionnel·les ! » écrivent-ils.  Il serait tout aussi indécent d’exclure les étudiant·es ainsi exposé·es sur le terrain, des dispositions garanties par le droit du travail dans le cadre d’un contrat, notamment en matière d’arrêt de travail, d’accident de travail et d’indemnisation en cas de contamination.

Une pétition en ligne

Les étudiant(e)s  interpellent l’ensemble de leurs formateurs et formatrices, au sein des écoles et sur les terrains de stage, afin qu’ils et elles se positionnent auprès des centres de formation et des employeurs, en vue de soutenir et de garantir l’accès à ces revendications « légitimes et essentielles en cette période singulière que nous avons tous et toutes à traverser, auprès des personnes que nous nous destinons à accompagner ».

(signer la pétition proposée par les étudiant(e)s en travail social)

(lire la tribune des étudiants travailleurs sociaux sur le site de l’ANAS)

et aussi

 

Photo : freepiK  @pressfoto

Sélection des articles réalisée avec l’aide de Michelle Verrier Flandre

 

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5 Responses

  1. Bonjour,

    Vous devez être au courant, mais au cas où, le gouvernement espagnol vient également de reconnaître officiellement la dimension essentielle des services sociaux.

    NdA. En complément de mes précédents commentaires.

    Cdt.

    PR

  2. comme avant la crise du covid les éducateurs et plus encore ceux de la protection de l’ enfance
    sont les grands oubliés je dirais même les grands délaissés mais les professionnels comme les enfants et autres en grande précarité psychique et affective ne sont pas la priorité de nos dirigeants car ce sont des travailleurs de l’ ombre et pas  » intéressants  » pour les mettre sur le devant de la scène pas de morts , pas de cercueils , excusez moi de de ce cynisme , mais faut il en arriver là pour les mettre en lumière ?
    Bravo bravo bravo à vous les éducateurs et merci
    m bernaud

  3. Bonjour,

    A toutes fins utiles, mais ayant une utilité sur la compréhension des différentes conceptions des politiques publiques d’urgence et pouvant être éclairante pour le futur, l’information suivante.

    1 – Le gouvernement de Québec vient de publier (24 mars) sa liste des services essentiels au Québec, en confinement également.

    La première rubrique de la liste est intitulée « Les services de soins de santé prioritaires » et elle débute par:

    « Toutes les professions du réseau de la santé et des services sociaux »

    Arrivent ensuite les services de sécurité publique, puis ceux du Gouvernement (sic).

    2 – A retenir

    TOUS les services sociaux sont considérés comme essentiels et prioritaires à égalité avec ceux relevant de la santé.

    NdA. Ce choix du Québec change grandement la donne sur les moyens et la reconnaissance du champs social.

    3 – Document en ligne

    https://www.quebec.ca/sante/problemes-de-sante/a-z/coronavirus-2019/fermeture-endroits-publics-commerces-services-covid19

    Bon courage.
    Cordialement.
    Paul Rouyre

    1. Merci de votre commentaire que je vais utiliser dans un prochain article ou argumentaire…
      Cordialement
      Didier Dubasque

      1. Pas de problèmes, je vous avais transmis l’information afin quelle soit un peu connue car au delà de ce choix (santé = social = essentiels = prioritaires) se révèle également une doctrine politique et humaine imbriquant le social et la santé, alors que le système français est lui totalement organisé en silos, voire en sous-silos, d’où les multiples politiques périphériques liées aux parcours, au partage d’information, aux partenariats, etc, et des pilotages multiples et non coordonnés, ars, drjscs, conseils départementaux, etc.

        Le système québecois a aussi ses soucis, mais sur ce sujet précis, l’équation vue plus haut me semble la base de tout plaidoyer re-constructif et politique.

        Et bravo pour votre travail, avant et pendant la période actuelle.

        Cdt

        PR

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